Reference :
V-P-RU-E-00547
Date :
04/04/2008
Caption :
Grozny. An ICRC local employee is describing the photo of his son to a mother who is partially sighted.
Confidentiality level :
public
Publication restrictions :
publication without restrictions
Description :
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4-04-2008 Éclairage
Tchétchénie : une simple photo après six années de détention
En Fédération de Russie, le CICR continue de favoriser le rétablissement des liens familiaux entre les détenus et leurs proches. L'équipe du CICR de Grozny, en Tchétchénie, est allée apporter à Sharipat des nouvelles de son fils Ahmed, incarcéré depuis six ans.
Sharipat ne sait plus très bien si elle doit rire ou pleurer. Elle regarde fixement la photo et la lettre reçues de son fils, actuellement incarcéré quelque part en Fédération de Russie. Elle est heureuse d’avoir en mains la confirmation que son enfant est vivant, mais elle ne peut cacher sa tristesse de ne pouvoir admirer son visage.
Car aujourd'hui Sharipat est presque aveugle. Elle colle son visage sur le cliché dans l’espoir d’y trouver un trait connu. Elle sourit, soupire, et se remet doucement à pleurer. Aïna et Malika, qui travaillent pour le CICR à Grozny, tentent de l’apaiser en lui décrivant le visage fermé de cet homme absent déjà depuis six ans.
Sharipat vit seule dans un petit village au nord de Grozny. Elle dit qu’elle est née en 1913, qu'elle vient d’une grande famille et que tous ses proches sont morts. Son fils aîné est décédé il y a deux ans. Ahmed, son second fils, qu’elle a adopté, est détenu : « Il était tellement gentil et attentionné avec moi », dit-elle en souriant. Des années de souffrance et de travail l’ont voûté. Elle est si petite qu’elle monte sur son lit en s'aidant de ses mains. Si un voisin s’occupe d’elle, Sharipat, seule, a souvent peur la nuit.
Elle reprend la photo et se tourne vers Aïna et Malika: « Je ne peux pas le voir ! » Le voisin, accouru pour se réjouir de la bonne nouvelle, la rassure : « Ne t’inquiète pas Sharipat, je vais te trouver des lunettes et tu pourras voir ton fils. »
Ahmed a auparavant été enregistré lors d’une visite du CICR dans un lieu de détention. Lorsqu'en janvier 2007 le CICR reçoit des autorités un avis de transfert vers une autre prison, l'équipe de Grozny est allée informer Sharipat. Celle-ci n'avait pas reçu de nouvelles de son fils depuis des années. Elle ne savait pas où il purgeait sa peine ni même s'il était encore vivant.
Sharipat a alors écrit un message Croix-Rouge à Ahmed et recevait quelques mois plus tard une réponse à ce message, dans laquelle il demandait une photo de sa mère. Ce cliché lui a été envoyé avec la demande de sa mère de recevoir elle aussi une photo. En recevant au courrier la photo du fils, Malika et Aïna se sont empressées d’apporter la bonne nouvelle à Sharipat.
Sharipat s'agrippe à la main de Virginie, la déléguée psychosociale du CICR, et elle lui sourit. « Elle est si gentille » répète-t-elle inlassablement. Lorsque Malika débute la lecture du message de son fils, Sharipat s’effondre, crie et pleure. « Pourquoi ne libère-t-on pas mon fils ? Je suis tellement vieille, est-ce que je vais le voir franchir le seuil de ma maison avant de mourir ? »
Il est temps de partir et Sharipat raccompagne les collaboratrices du CICR. Dehors, il neige à gros flocons. Sur le pas de sa porte, très émue, elle remercie Malika et Aïna avec le seul mot d’anglais qu’elle connaît : « Very, very, very, very… »
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Chechnya: just a photo after six years in custody
In the Russian Federation, the ICRC continues to work on restoring family links between prisoners and their relatives. The ICRC team in Grozny, Chechnya, went to take Sharipat news of her son Ahmed, who has been in prison for six years.
Sharipat doesn’t know whether to laugh or cry. She gazes fixedly at the photo and letter received from her son, currently imprisoned somewhere in the Russian Federation. She is happy to have concrete evidence her child is alive, but cannot conceal her sadness at being unable to admire his face.
For Sharipat is now almost blind. She presses her face to the photo in the hope of finding a familiar feature. She smiles, sighs and softly starts to cry again. Aïna et Malika, who work for the ICRC in Grozny, try to comfort her by describing the uncommunicative face of this man who has already been gone six years.
Sharipat lives alone in a small village north of Grozny. She says she was born in 1913, she comes from a large family and all her relatives are dead. Her elder son died two years ago. Her second son Ahmed, who is adopted, is in custody: “He was so kind and attentive,” she says, smiling. Years of suffering and hard work have made her stooped. She is so short she has to use her hands to climb onto her bed. Although a neighbour looks after her, Sharipat is often frightened when alone at night.
She picks the photo up again and turns to Aïna and Malika: “I can’t see him!” Her neighbour, who has rushed over to rejoice in the good news, reassures her: “Don’t worry, Sharipat, I’ll find you some glasses so you can see your son.”
Ahmed had previously been registered during an ICRC visit to a place of detention. When the authorities notified the ICRC in January 2007 that he was being transferred to another prison, the Grozny team went to tell Sharipat. She had not had any news of her son for years. She did not know where he was serving his sentence, or even whether he was still alive.
Sharipat then wrote a Red Cross message to Ahmed, and received a reply a few months later in which he asked for a photo of his mother. He was sent one, along with a request from his mother that she too receive a photo. When her son’s photo arrived in the post, Malika and Aïna hastened to bring Sharipat the good news.
Sharipat clutches Virginie’s hand and smiles at the ICRC psycho-social delegate. “She’s so kind,” she repeats endlessly. When Malika starts reading the message from her son, Sharipat bursts into tears. “Why don’t they release my son? I’m so old – will I see him cross my threshold before I die?”
It is time to go, and Sharipat sees the ICRC workers out. It is snowing heavily outside. On the doorstep, a very moved Sharipat thanks Malika and Aïna using the only English word she knows: “Very, very, very, very…”
Original material :
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Resolution :
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Orientation :
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Colour/B&W :
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