Reference :
V-P-IL-E-01472
Date :
29/05/2008
Caption :
Gaza, ICRC office. Local media attends the weekly sit-ins, where family members of detainees gather every Monday to protest against the suspension of the visits.
Confidentiality level :
public
Publication restrictions :
publication without restrictions
Description :
29-05-2008 Éclairage
Gaza : ving-trois années de solitude pour l’épouse d’un détenu
Tahani est l’une des centaines de femmes palestiniennes dont les époux sont détenus dans des prisons israéliennes. Ces 23 dernières années, elle a dû élever seule ses six enfants. En juin 2007, les autorités israéliennes ont suspendu toutes les visites familiales. Aujourd’hui, Thanai veut à tout prix revoir son mari.
Elle craint cependant que ce ne soit plus jamais possible. Cela fait 23 ans qu’ils sont séparés, après qu’il eut été arrêté à Gaza par les forces israéliennes, puis placé en détention en Israël, laissant seuls une femme enceinte et cinq enfants. La peine prononcée contre lui allait le condamner à passer le reste de sa vie derrière les barreaux.
Peu de temps après l’arrestation de son mari, Tahani donna naissance à une petite fille, le sixième enfant du couple. « Aujourd’hui, elle a 23 ans ; elle vient elle-même d’être mère. Mon mari est ainsi devenu père et grand-père en prison. Mais nous ne savons pas s’il pourra voir un jour ses petits-enfants », déplore-t-elle.Avant, grâce au programme de visites familiales du CICR, Tahani allait rendre visite à son mari deux fois par mois. Elle explique cependant que depuis 2001, les autorités israéliennes ne l’ont autorisée à le voir qu’à trois reprises, pour des raisons de sécurité. En juin 2007, ces mêmes autorités suspendaient complètement ces visites.
« Mon mari me manque terriblement ; j'aimerais qu'il soit là pour s’occuper de la famille. Depuis, je n’ai pu lui parler qu’une seule fois au téléphone », explique Tahani en brandissant une de ses photos prise en prison 13 ans plus tôt. « Normalement, les détenus sont photographiés tous les six mois, et les photos transmises aux familles. »
Le seul moyen qui lui reste de communiquer avec son mari sont les messages Croix-Rouge. Ces messages ne peuvent contenir que des informations personnelles et doivent être soumis aux autorités, pour censure ; c’est le CICR qui se charge de leur distribution.
Un geste de défi
En dépit de la suspension des visites familiales depuis maintenant presque une année, Tahani , comme près de 1 100 autres habitants de Gaza ayant des proches détenus en Israël, continue de s'inscrire pour ces visites auprès du CICR. C’est un geste d’espoir et de défi. Quant au CICR, il n’a cessé de demander aux autorités qu’elles autorisent la reprise de ces visites, mais il a essuyé refus sur refus.
Presque tous les lundis, des centaines de proches de détenus se réunissent pour un « sit-in » devant le bureau du CICR installé en ville de Gaza. Largement couverts par les médias, ils viennent faire part de leur solidarité avec les membres de leur famille emprisonnés, et protester contre la suspension des visites. Ils souhaitent également redonner ainsi quelque espoir aux détenus.
« Le lundi, dans les prisons, ils attendent de voir nos visages à la télévision, ou d’entendre nos voix à la radio, à défaut de pouvoir nous voir ou nous parler directement », déclare Tahani .
Personnel, et non politique
Ce que Tahani souhaite le plus au monde, c’est que son mari soit libéré et qu’il revienne à la maison retrouver le reste de la famille. Mais, pour l’heure, elle ne peut que demander invariablement que les visites reprennent.
« Cela n’a rien à voir avec la politique. Nous voulons juste pouvoir rendre visite à nos proches, les rencontrer, leur parler. Si je n’obtiens pas l’autorisation d’aller le trouver, nous pourrions bien ne plus nous revoir pour le restant de nos jours », déplore-t-elle.
Les familles de Palestiniens détenus dans les prisons israéliennes reçoivent un soutien financier des autorités palestiniennes. Cette aide est utile dans une région où les conditions de vie sont très dures pour la plupart des familles, et les services de base parfois inexistants. Mais les difficultés que rencontre Tahani ne sont pas tant d’ordre matériel. « Mes enfants ont grandi en l’absence d’un père pour les guider. Aujourd’hui, ce sont tous des adultes », soupire-t-elle.
Sa principale préoccupation reste cependant le bien-être de son mari. Certes, les détenus comptent sur les visites de leurs proches pour leur fournir des articles de première nécessité, des vêtements, par exemple. Mais c’est l'appui psychologique que leur procure le contact avec les leurs qui est le plus important.
« Pour les détenus, ces visites sont essentielles ; ils ont besoin de voir leur famille. En prison, mon mari passe ses journées à attendre que nous allions le voir. Tout ce que j'espère, c'est que nous puissions bientôt y retourner », dit-elle à mi-voix.
26-05-2008 Feature
Israel/Gaza: 23 years' solitary for a detainee's wife
Tahani is one of hundreds of Palestinian wives whose husbands are held in Israeli prisons. For the past 23 years, she has had to raise their six children alone. In June 2007, the Israeli authorities suspended all family visits; she is desperate to see him once again.
Tahani fears she will never see her husband again. They have lived apart for 23 years, after he was captured in Gaza by Israeli forces and later detained in Israel, leaving behind a pregnant wife and five children. The prison sentence he received will ensure that he remains behind bars for the rest of his life.
Shortly after the capture of her husband, she gave birth to a little girl, the sixth child in the family. "Today she is 23 years old and has just had a baby herself. My husband has become both a father and a grandfather while in prison. But we don't know if he ever will be able to see his grandchildren," she says.
Tahani used to go and visit her husband twice a month, under the ICRC's family visits programme. But she says that since 2001 the Israeli authorities have allowed her only three visits, for security reasons. In June 2007 the authorities stopped them completely.
"I miss my husband terribly and I need him to take care of the family. I have only been allowed to talk to him once by telephone," Tahani states, holding up a photo of him that was taken in prison 13 years ago. She explains that photos are normally taken every six months in prison and given to the families.
The only way to communicate directly with her detained husband is by Red Cross Messages – personal messages sent and delivered through the ICRC. The messages may contain only personal information and have to undergo censorship by the authorities.
Gesture of defiance
Even though the family visits have been suspended for almost a year, Tahani and some 1,100 other relatives of detainees from Gaza still sign up for them with the ICRC, a gesture of hope and defiance. The ICRC has continuously asked the authorities to allow a resumption, but this has repeatedly been turned down.
Most Mondays, hundreds of family members gather for a "sit-in" in front of the ICRC office in Gaza City. Followed closely by local media, they come to express solidarity with their detained relatives and to demonstrate against the suspension of the visits. They also aim to offer the detainees some hope.
"On Mondays they are waiting in the prisons to see our faces on television or hear our voices on the radio, since they can't see us or talk to us in real life," she explains.
Personal, not political
Tahani 's most fervent wish is for her husband to be released from prison and come home to be reunited with the rest of the family. But for now all she can do is to repeat her demand for the visits to be resumed.
"This has nothing to do with politics. We just want to be able to see our relatives, to meet them, to talk to them. If I am not allowed to visit him any more, we might not see each other for the rest of our lives," she says.
Families of Palestinian detainees held in Israeli prisons get some financial support from the Palestinian authorities. This helps in a territory where living conditions are extremely hard for most families and essential services sometimes non-existent. But Tahani 's difficulties are more than material: "My children have been raised without their father to guide them. Today they are all grown up," she sighs.
However, she worries much more about the well-being of her husband. Detainees depend on visits from their families for basic items, such as clothes. But the psychological benefits from the visits are much greater.
"The visits are very important to the detainees, to let them see their families. My husband is just spending his time in prison waiting for us to come. I can only hope it will be soon," she murmurs.
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