Reference :
V-P-SN-E-00379
Date :
25/06/2018
Caption :
Tambacounda region, Keur Daouda village. In the framework of the psychosocial support project, the ICRC in cooperation with the Senegalese Red Cross Society, assists this mother and hundreds of other families of missing migrants to give them back some taste in their daily lives.
Confidentiality level :
public
Publication restrictions :
publication without restrictions
Description :
ICRC website, article du 30.08.2018: "Sénégal : dans le quotidien d’une famille de migrant disparu de Keur Daouda
Vincent et Mathilde n’ont plus de nouvelles de leur fils ainé Victor depuis 10 ans. Il a quitté son village Keur Daouda en 2007, pour se rendre en Espagne après avoir embarqué sur un bateau de fortune sur les côtes mauritaniennes. Après son école primaire, Victor avait suivi une formation professionnelle en maraichage. Il a ensuite choisi de prendre le chemin de la migration. Son départ a beaucoup affecté sa famille.
Ses parents comptaient beaucoup sur Victor, sympathique et toujours disponible, pour faire vivre la famille. Depuis son départ, sa mère Mathilde tient un élevage de porcs pour gagner de quoi survivre. « Notre vie risque de ne plus jamais être comme avant. Victor était le pilier de notre famille. Son père n’a plus la force de travailler. Il s’est fait opérer 5 fois depuis le départ de Victor. »
Mathilde se rend chaque semaine au marché hebdomadaire de Mérato à 4 kilomètres de chez elle, dans l’espoir de trouver des produits à la portée du modeste budget familial.
« Partir ?! Je n’y pense même pas quand je vois comment mes parents sont affectés », s’exclame Stanislas, frère de Victor. « On vivait mieux avant, avec des troupeaux et des récoltes régulières, mais on a tout vendu depuis le départ de Victor ».
"Nous souffrons beaucoup de voir nos jeunes prendre la voie de la migration au péril de leur vie. Mais c’est vrai que les conséquences du changement climatique affectent grandement nos récoltes, et donc notre niveau de vie. Nos jeunes n’ont pas de belle perspective d’avenir en vue" constate Gueye, oncle de Victor.
« On est délaissés ici, en premier lieu par nos frères qui ont pu réussir hors de ce village. Ce sentiment d’abandon nous pousse à vouloir prendre le risque du grand départ » soutient Dethié, jeune du village de Keur Daouda. «Les gens meurent par milliers sur les routes de la migration, je me demande si c’est utile de risquer sa vie », tempère Mamadou, un autre jeune du village de Keur Daouda.
Derrière chaque migrant disparu, il y a une famille bouleversée par l'incertitude. Cette absence de nouvelle sur le sort d'un être cher engendre des problèmes psychologiques et socio-économiques, et parfois même d'ordre juridique.
Grâce au projet d'accompagnement psychosocial du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et de la Croix-Rouge sénégalaise, plusieurs centaines de familles de migrants disparus tentent de redonner un certain goût à leur vie quotidienne. C'est le cas de la famille de Victor, du village de Keur Daouda, dans la région de Tambacounda."
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